L’univers est un abîme, un lieu sans frontière, une collectivité de mondes en évolution vers la destruction et la création. L’esprit de l’homme fait partie de cet univers, il en est la fabrique, mais l’homme n’a pas encore réalisé la dimension de sa réalité. À la fin du vingtième siècle, après des millénaires d’évolution régressive, il est sur le point d’entrer en contact avec un autre plan de la réalité de cet univers abyssal. Pour se sécuriser psychologiquement et psychiquement , l’homme a inventé un monde de pensée fondé sur la sensorialité et la perception matérielle, soutenu de temps à autre par l’intuition et le désir profond de réunir en lui-même les qualités matérielles de sa conscience aux qualités immatérielles de l’esprit. Mais sa conscience subjective s’est de plus en plus éloignée de sa réalité fondamentale, dès qu’il a cru à sa capacité intellectuelle de pouvoir tout expliquer à partir d’hypothèses issues de son intelligence matério-sensorielle.
Les mots ont toujours permis à l’homme de se donner l’impression d’avancer dans la connaissance, alors qu’il reculait dans le vide de l’abîme. Voilà d’ailleurs pourquoi il lui fut impossible jusqu’à ce jour de réconcilier l’infinité avec la raison. L’abîme universel est un continuum de temps et d’espace, séparés intégralement par un taux vibratoire de la conscience en évolution sur les différents plans universels. Le mot « abîme » veut dire espace et temps à l’infini, c’est-à-dire sans début ni fin. Pour l’homme, il est difficile de concevoir que l’univers n’ait ni début ni fin, car son mental fait partie d’une seconde étape dans l’évolution de cet abîme universel, de sorte qu’il n’a pas le privilège d’être conscient sur tous les plans à la fois. Sa conscience est divisée et le mental inférieur sert d’intermédiaire et d’interprète pour un autre niveau de conscience qui n’a pas encore été accepté ; cette situation l’infirme et le rend impuissant à comprendre l’ordre des choses, la nature extrêmement complexe de la vie en évolution créative ou destructive.
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L’univers, tel que nous le concevons, fait partie d’un plan de notre conscience matérielle; mais il ne participe pas du même ordre sur d’autres plans de notre conscience, et l’homme le reconnaîtra un jour s’il veut comprendre la vie et les systèmes plus avancés qui ont sur lui un certain empire temporaire. Celui-ci n’est pas de l’ordre des choses dans le cadre de la conscience éveillée de l’homme, mais il est en-deçà de cette même conscience. L’ordre des choses établit l’obligation pour l’homme de subir une certaine autorité au-delà de sa volonté ; ceci vient du fait qu’il n’a pas encore su développer sa propre autorité, un peu comme l’enfant qui ne prendra en main son autorité que lorsqu’il sera arrivé à l’âge de la maturité réelle.
L’humanité en est à ce stade. L’homme nouveau en est le modèle futur et la civilisation sera l’expression dans les temps à venir de cette nouvelle autorité de l’homme face à l’abîme universel. À partir du moment où l’homme prendra en main son autorité, l’univers cessera d’être un abîme, et le monde deviendra ce qu’il voudra qu’il devienne, un paradis, lieu où toutes les énergies de la conscience humaine seront harmonisées. L’univers devient un abîme pour toute conscience n’ayant pas pris le contrôle de son autorité. Le début et la fin de l’univers ne prendront place que lorsque l’être en évolution aura pris sous son contrôle son autorité. Tant que l’être humain ou la race humaine n’aura pas compris l’illusion de sa connaissance subjective, l’homme sera en dehors de son autorité et ne pourra pas se créer un monde à son image. Il ne pourra connaître la fin et le début de l’univers, qui ne peuvent exister que lorsque les forces internes d’une conscience en évolution sont parfaitement harmonisées.
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Plus l’homme évoluera, plus il lui sera nécessaire de connaître les lois de l’abîme et ses conditions, afin d’élever son niveau d’intelligence des mystères de la vie, de la création, de la mort, et de l’infinité de l’esprit ou du savoir. L’abîme, pour l’être inconscient, sera remplacé par un savoir sans fin qui justifiera la conscience de l’homme et l’élèvera au statut d’être universalisé. L’homme ne souffrira plus des événements de la terre, car il n’y sera plus rattaché évolutivement. Sa vie personnelle n’en dépendra plus et n’en sera plus affectée. Ceci fait partie des lois de la vie réelle au-delà de l’abîme. L’abîme lui-même est une séduction de la conscience et non un état de science interne lié à l’activité créative du double de l’homme. Si l’abîme et ses conditions ont fixé l’homme dans l’expérience de la mort, c’est parce que ce dernier fut incapable, durant l’involution, de se sortir de sa propre ignorance, source de l’abîme en lui. Tout ce qui est esprit est réel, à son propre niveau, donc tout ce qui fut esprit pour l’homme involutif fut réel sur le plan de son expérience, et tant que son statut universel ne sera pas établi fermement par sa nouvelle conscience, l’homme sera obligé de retourner à l’abîme d’où il est venu lors de sa descente dans la matière, après le cycle adamique.
L’homme nouveau comprendra que l’abîme cesse d’exister dans sa conscience à partir du moment où la conscience, science du double, fait partie de son intelligence créative. Il réalisera que le phénomène de la conscience nouvelle est directement lié à l’activité d’un plan supérieur en dehors de l’abîme, au-delà de l’ignorance qui caractérise tout ce qui est abyssal dans le cosmos invisible. L’univers est fait de deux réalités: une abyssale en évolution régressive, et une autre éthérique, donc participant de la lumière et en évolution créative. La séparation entre les deux se situe dans le centre même de la conscience en évolution. Chez l’homme, le passage de l’abîme involutif à l’éther fait partie de son ascension vers l’universalité des mondes cosmiques en évolution créative. Ce passage est aussi lié à la fin de l’exploitation de l’homme par les autorités abyssales qui composent avec toute conscience non encore libérée des influences anti-homme et anti-vie.
L’abîme n’est pas encore conscientisé chez l’être humain, car celui-ci ne possède pas une expérience suffisante des mondes psychiques. Sa conscience le limite au matériel solide, de sorte que sa sécurité d’être est, dans un sens seulement, non menacée tant qu’il est sur le plan matériel de vie.
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Dès que l’homme aura pris conscience des autres plans de vie, sa conscience deviendra éveillée à la nature de l’abîme qui sépare les êtres conscients des êtres inconscients. Il découvrira que la vie appartient à des sphères d’influences qui exercent leur pouvoir sur les niveaux inférieurs de conscience, tant que ces niveaux n’ont pas suffisamment évolué pour prendre sous leur contrôle l’autorité de leur science. La science de l’homme, un jour, sera soumise à son autorité. Comme il l’a fait dans le domaine de la science matérielle, l’homme établira son autorité sur les sciences invisibles de la vie ou les sciences de la vie invisible, car ces sciences sont les plus importantes puisqu’elles déterminent le rendement des matières inférieures. La vie et la science de la vie existent sur des plans de vies tellement subtils que l’homme est forcé , aujourd’hui, de les qualifier d’occulte. Mais le terme « occulte » disparaîtra de la science de ces mondes dès que la conscience humaine aura enfin pénétré ces dimensions pour jeter de la lumière sur l’organisation subtile et invisible de la vie qui sous-tend l’organisation de la matière.
L’abîme, ou ce lieu sans frontières séparant le monde de la conscience du monde de l’inconscience, représentera pour l’homme nouveau et sa science, le monde de l’inconnaissable finalement conquise par sa supraconscience. Une fois cette frontière abattue, il sera libre d’explorer psychiquement les différentes dimensions de l’univers et concrétiser, sur le plan matériel, une civilisation à la mesure de ses besoins psychiques et physiques. Ceci mettra fin au fardeau cyclique du travail de l’homme à la sueur de son front et la femme sera libérée de l’enfantement dans la douleur.
Mais la reconnaissance des lois de l’abîme ne se fera qu’au cours de l’évolution, et sur une base individuelle, car l’abîme collectivise alors que l’éther individualise. Tant que l’homme n’aura pas atteint une totale individualité, il lui sera impossible de comprendre l’abîme et ses lois, puisque son mental sera encore assujetti aux lois de la mort qui en font partie. L’abîme n’est pas simplement un concept de la réalité, mais un état de la réalité non réalisé, vécu par l’homme dans son inconscience psychologique. Il appartient à la conscience de l’homme involutif, comme au temps de la mort.
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C’est de l’abîme que souffrent les âmes après la mort, car dans leur état de conscience elles sont ni capables de savoir où elles sont, ni où elles iront, après la fin du cycle qui donnera naissance sur terre à une conscience supérieure et libre de leurs influences. À partir du moment où les âmes perdront leur influence sur l’homme, leur émoi grandira et elles devront un jour retourner à la matière, sur terre ou sur un autre globe, afin de vivre la fusion qui mettra fin au principe de l’abîme et donnera naissance à la liberté de l’esprit.
Toute communication médiumnique avec les plans de la mort confirmera ce savoir : la conscience de l’homme nouveau jouira d’une priorité d’information quant à la nature de la vie et des plans de vie au-delà de la matière. Cette priorité viendra de la relation entre le double et l’énergie des sphères qui passent par lui, avant d’être ensuite canalisée à travers les composantes psychiques de l’homme. Plus la fusion de l’homme avec le double sera avancée, plus ce dernier bénéficiera d’une étroite relation avec ce dernier ; la supraconscience future deviendra parfaitement équilibrée avec l’énergie du double, et l’homme aura une compréhension totale de la vie et de ses sous-plans qui déterminent l’évolution.
Quand les conséquences du principe de l’abîme sur la conscience humaine en évolution auront été éliminées, l’homme nouveau traitera de la vie à un niveau qui semblera magique. Non pas de la magie au sens involutif, mais une très haute science à laquelle auront accès les hommes partageant, sur le plan matériel, leur vie avec la vie supérieure du double dans l’éther de la conscience cosmique en évolution.
La conscience humaine est un vaste domaine dont l’esprit n’appartient qu’à ses aspects invisibles et suprasensibles. Non seulement l’esprit de l’homme est-il réel dans ses aspects invisibles universels, mais il l’est aussi dans ses aspects invisibles mensongers et astraux. Voilà pourquoi l’homme involutif n’a aucune perception de l’abîme qui sous-tend sa conscience et l’infirme. L’abîme universel ne peut être comblé que dans la mesure où l’être prendra conscience de la différence entre l’ego planétaire et l’ego universalisé. Alors l’être nouveau renouera avec les forces qui firent de sa conscience involutive une conscience impuissante à réaliser son lien universel. L’abîme représente une dimension du réel qui ne peut être traitée chez l’être que de façon intelligente et créative, c’est-à-dire psychiquement, afin d’en extraire les aspects purement intelligents et libres du connu.
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L’abîme universel est un espace psychique de l’ego que la partie inférieure du mental humain involutif est impuissante à contenir et incapable de combler mentalement, car la lumière manque, alors qu’elle seule peut remplir cet abîme et donner à l’être la pleine conscience de sa vie intérieure. La vie mentale de l’homme nouveau sera pleine, elle pourra supporter la lumière du double pour connaître la science de l’intelligence et la permanence de l’union entre l’ego et sa contrepartie universelle. Tant que l’homme ne pourra combler le vide que crée l’abîme universel, sa conscience sera astralisée par les forces inférieures de sa conscience planétaire. Comme il ne pourra sentir la plénitude de sa conscience, cette absence continuera à faire de sa vie une expérience subjective au lieu d’une expression créative de la conscience intégrale. Pour que l’être ait conscience d’avoir dépassé les limites psychologiques que crée l’abîme universel dans sa conscience, il lui faudra dépasser le pouvoir de la mémoire subjective, qui constitue pour lui la référence essentielle de ce qu’il est en tant qu’être inférieur et non intégré.
La descente de l’homme dans la matière a causé une séparation profonde dans l’organisation psychique de son être. Comme les forces de l’âme n’ont pu résister à l’attraction de la matière sur l’esprit, l’homme involutif a été graduellement séparé de son pouvoir de mémoire universelle faisant partie de son lien avec l’invisible. Il s’est alors engagé sur une voie de plus en plus minée par la confusion, qui entravera en retour le plein développement de sa conscience créative. L’abîme devint donc de plus en plus une source d’inquiétude pour l’homme, car ce dernier sentit qu’il ne pouvait vivre sur le plan matériel sa pleine affinité avec les forces de vie qui seules pouvaient l’éclairer à travers sa démarche expérientielle sur le globe. Au cours de l’évolution, la conscience humaine exercera son pouvoir sur le vide que crée l’abîme dans le mental inférieur, de sorte que la vie mentale de l’homme nouveau sera parfaite. Elle lui permettra de vivre à la fois sur le plan matériel de sa conscience sensorielle et sur le plan mental supérieur de sa conscience éthérique.
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C’est par le développement de la conscience éthérico-mentale que le pouvoir du cerveau éthérique se fera sentir dans la vie de l’homme. La puissance de ce cerveau endormi élèvera le niveau de la connaissance de l’homme au-delà de ce que peut rendre sa conscience involutive. Alors l’homme ne sera plus la victime de l’abîme universelle, car sa conscience mentale sera égale à ce qui existe de plus intelligent dans les sphères au-delà de l’astral, c’est-à- dire au-delà de ce qui servit de limite à la conscience de l’homme au cours de l’involution. L’homme n’est pas un être dont la conscience peut être indéfiniment limitée par les forces matérielles ou psychiques de la planète, car l’homme représente dans la matière l’image même de ce qu’il est sur les plans où la forme n’est pas utilisée pour le mouvement de l’énergie. La partie matérielle de l’homme ne constitue que l’aspect planétaire de la partie cosmique, et la fusion de ces deux aspects fera partie de l’évolution de la race qui, éventuellement, neutralisera l’effet de l’abîme sur la conscience. L’homme est un être cosmique avant tout, mais il devra reprendre conscience de son étrangeté face à la conscience de la civilisation involutive avant de pouvoir bénéficier de ce qu’il est.
L’homme comprendra l’abîme universel en pénétrant au fond de lui-même pour y découvrir le vaste infini de la conscience en éveil ; celle-ci vient vers la terre afin d’y jeter la lumière nécessaire pour qu’il sorte de l’abîme. Ce n’est pas l’abîme en lui-même qui est dangereux pour l’homme, mais les forces qui y habitent et qu’il ne sait pas reconnaître, car sa conscience est trop endormie pour percevoir la lumière de l’intelligence. L’abîme universel n’est pas en dehors de l’homme mais en lui. Il réside là où l’esprit ne peut entrer ; la lumière est refoulée par les idées involutives d’une race qui n’a pas encore atteint sa pleine maturité. La conscience supramentale élèvera la science de l’esprit; elle arrachera à l’emprise de l’involution le pouvoir sur la pensée. Alors naîtra dans le monde une lumière capable de répondre à tous les besoins de l’homme et d’élever la science de l’invisible au-delà des spéculations philosophiques, théologiques ou occultes de l’involution, nécessaires auparavant pour la progression de l’homme. L’homme de demain aura besoin d’absolu et lui seul, en conscience universelle, pourra se l’approprier.
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Même si la conscience de l’homme cherche par tous les moyens à se définir, l’abîme l’en empêche, car il est construit de mémoires alors que l’esprit plane au-dessus d’elle en toute liberté. La lumière n’a pas de borne ; seul le regard voilé de l’involution peut lui en imposer. La fusion viendra du développement de la conscience supramentale, qui permettra finalement de comprendre que l’abîme représente la séparation entre l’homme et l’esprit. Par la fusion de l’ego et de l’esprit, l’abîme disparaîtra de la conscience pour ne laisser place qu’à la puissance créative de la lumière. L’abîme existe puisque la conscience animale de l’homme ne peut exister sans lumière ; par ailleurs celle-ci peut coexister avec l’abîme que crée son absence dû au lien entre l’homme et le monde de la mort. Ce sont ces plans qui suspendent la conscience et la font vibrer à des formes qui ne font pas partie de la réalité, la déformant ainsi sans que les êtres ne s’en rendent compte.
La conscience de la prochaine époque évoluera au-delà des frontières de la pensée involutive. Elle apportera à l’homme des réponses nées de l’association entre l’ego et l’esprit. Cette nouvelle mémoire jaillira de la lumière et non des conceptions humaines bâties sur l’alliance entre l’abîme et les craintes d’en dépasser les limites. Comme l’esprit nouveau finalisera le lien entre l’ego et la matière, les hommes de la prochaine race restreindront à jamais le pouvoir de l’astral sur la conscience primitive de l’involution. Ce sera la marque des temps nouveaux : l’homme n’aura plus peur de savoir, car son principe mental ne sera plus fondé sur le doute. Il aura crevé les yeux de l’abîme qui le regardait du fond des temps, et il se rapprochera de son propre temps qui ne fait pas partie de celui de l’involution. L’homme ne craindra plus l’abîme, il aura éteint dans sa conscience le doute de son origine.
La multidimensionnalité des mondes est si vaste que seul l’homme conscient peut déchiffrer les signes qui voilent sa conscience et l’enveloppent dans une noirceur froide. La conscience pure possédera un pouvoir inconnu par le passé, qui sera fondé sur l’affrontement entre l’homme et le mensonge cosmique gravé dans sa conscience par les forces involutives. Il ne s’apitoiera devant rien et la colère de son esprit fera trembler l’ancien temple.
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La conscience supramentale sera à l’être lumière ce que la conscience mentale inférieure fut à l’homme ancien; les deux principes se sépareront, car ils n’appartiendront plus au même temps. Les hommes ont toujours cru aux dieux, faute d’avoir la force de prendre leur place. C’est alors que l’abîme devint le paradis de ces forces dont il ne connaissait ni la puissance, ni La fourberie. Voilà pourquoi une conscience nouvelle éclatera dans le monde et fera de l’abîme un désert.
L’abîme universel coïncide avec les plans de l’inconscience ; à partir d’eux naissent les influences néfastes qui font de l’homme un être sans identité. C’est à la lumière de nouvelles connaissances qu’il réussira à se libérer de ces plans et d’en comprendre les mécanismes. Comme la pensée humaine est totalement colorée, il n’est pas surprenant que l’homme ne se connaisse pas, puisque sa conscience ne peut jamais enregistrer une énergie créative permanente. Un moment il est intelligent, et un autre il devient stupide. Le mouvement discontinu de sa conscience est suffisant pour le placer dans une situation de vie inextricable, car les décisions stupides laisseront des traces dans sa vie, qu’il devra réparer durant longtemps. La vie doit être comprise comme une science et non pas simplement vécue en temps qu’expérience. Il n’est pas surprenant que l’homme se voit forcé de vivre des années entières à la recherche d’une identité qui lui glisse entre les doigts, compte tenu qu’il n’a aucune idée de la façon dont la vie est réglée.
L’abîme universel supporte la grande ignorance de l’homme. Cette ignorance fonde elle- même sa permanence sur le pouvoir de la mémoire, qui englobe l’homme émotivement et le rattache à la mémoire de la race, dont l’expérience est remplie de bévues, de stupidités et d’actes ne convenant pas à la qualité universelle de la conscience individualisée. Mais l’homme n’a pas la force de contester l’influence de sa race, car il croit ce que la race croit et il involue avec elle. L’abîme universel entretient dans la conscience humaine le fardeau de l’ignorance car elle le sert. Les temps nouveaux verront naître des idées différentes concernant l’inconscient collectif de l’humanité. Tant que l’homme n’aura pas absolument compris qu’il n’existe pas de forces au-dessus de lui, mais qu’il fait partie de toutes les forces, il ne pourra découvrir son identité et trouvera difficile de lutter contre les forces de l’abîme, qui se servent de l’inconscient collectif pour le garder prisonnier de ses fantasmes.
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L’abîme n’est pas une idée mais bien un monde réel, dont la substance même fait partie des lois occultes de la vie. Il doit être connu dans ses moindres mouvements afin que l’être puisse en être libre. L’âme fait partie de l’abîme et elle doit y retourner après la mort. L’esprit est lumière qui doit un jour fusionner avec l’homme afin que ce dernier cesse de passer de la vie matérielle à la mort et entre finalement dans sa dimension réelle ; l’éther, où la continuité de conscience équivaut à l’immortalité de l’être. L’homme n’a jamais compris la nature véritable de l’âme et sa fonction, car l’esprit ne pouvait éclairer son mental de façon à lui faire reconnaître la différence entre la mémoire expérientielle de l’être et le pouvoir créatif. Il découvrira que l’âme n’a plus sur lui d’influence, car elle ne peut faire vibrer son mental régi par les lois supérieures de la lumière. Tant que l’homme n’aura de rapport mental télépathique avec l’esprit, son double, il sera divisé et sans son identité, et c’est alors que l’âme deviendra le support de sa personnalité. Celle-ci est la construction de l’âme et de la mémoire, elle fait partie de l’accumulation d’expériences mais n’appartient pas à la réalité cosmique de l’homme. Phénomène difficile à comprendre car, l’homme ne réalise pas encore que l’âme est le matériel nécessaire utilisé par le double pour la construction de ses véhicules. Alors que l’homme nouveau se présentera comme un parfait véhicule, celui de l’homme ancien continuera à se perfectionner. Lorsque le véhicule humain aura atteint ce degré de développement, l’âme cessera d’être le matériau de construction de l’homme.
Pour passer de la phase de construction de son être à la phase finale de la fusion, l’homme devra comprendre les mécanismes de l’abîme, car ce sont eux qui le gardent dans l’involution, la dissociation et la division. L’abîme fait partie des mondes au service des forces inférieures de l’homme réel. Il est donc indispensable qu’il s’en libère pour reconnaître la science essentielle à l’élargissement de son champ d’action dans la vie, autant sur le plan matériel que sur les plans subtils, puisque ces plans font aussi partie de sa réalité. Mais il doit devenir libre des plans subtils inférieurs s’il veut connaître les plans subtils supérieurs, ceux-là qui coïncident avec sa lumière. Que l’homme croit ou non à l’invisible est sans intérêt, car ce qui est demeure. Lui seul en souffrira s’il en demeure ignorant.
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Lorsqu’il sera suffisamment avancé dans l’évolution de ses principes, l’homme sera naturellement amené par ses propres forces de vie à passer de l’involution à l’évolution de sa conscience. Ce n’est pas l’ego qui guide les pas de l’homme mais la lumière derrière ou au-delà de l’abîme, qui l’amène à son insu à reconnaître qu’il est autre que ce que l’abîme veut bien lui faire croire.